Savoir ce que font les ados sur Internet, connaître les contenus qui leurs sont proposés relève tout autant de la responsabilité des parents, éducateurs et autres personnes concernées par l’intérêt supérieur de l’enfant que de savoir ce qui se passe à l’école.
Examinons le site tasante.com. À destination de jeunes ayant entre 12 et 25 ans, ses objectifs sont d’améliorer l’accès à la santé par l’information et encourager leur réflexion afin qu’ils soient responsables de leurs choix en la matière. Merveilleux ! D’autant plus que les réponses apportées sont on ne peut plus légitimes puisque d’une part « les articles médicaux sont écrits par des médecins ou validés par eux dans le cas où ils sont écrits par un rédacteur de TaSanté.com non-médecin » et d’autre part « tous les articles sont signés par leurs auteurs et datés » [1].
En ces temps de « débats » sur la théorie du genre, dont l’un des aspects est l’hyper-sexualisation de la jeunesse, il est nécessaire d’apporter des preuves percutantes de ce que l’on avance. Et pour cause, la peur de la diabolisation et des éventuelles pressions ont pour de nombreuses personnes bien plus d’importance que le bien-être des enfants. Qu’ils le veuillent ou non, la question est ouverte et c’est bien de cela qu’il s’agit. Ceux qui détournent le regard porteront leurs responsabilités un jour ou l’autre.
En matière de sexualité donc, les enfants à partir de 12 ans ont désormais accès à quantité d’informations, leur permettant de « préparer leur première fois » [2], avec ce que l’on pourrait appeler une fiche technique pour les « mecs » [3] et une autre pour les « nanas » [4]. Dans une véritable nébuleuse de liens renvoyant à divers articles signés « La rédaction de TaSanté.com », les enfants et adolescents trouveront un listing des « 10 kiffs des mecs [5] et des filles [6] », des informations sur la virginité [7], sur la masturbation [8]…
Par souci de détail et peut être dans le but de ne pas « discriminer » ceux qui auraient un appétit sexuel plus gourmand et original, le site suggère aussi diverses positions du « kama-sutra » [9] à la fois illustrées et décrites, certainement pour en offrir une meilleure compréhension. Mais tout le plaisir ne résidant pas seulement dans la position adoptée, ils se verront dispensés quelques conseils concernant « le bondage, l’anulingus ou la stimulation de la prostate [10] », « la sodomie [11] », « les piercings génitaux masculin [12] et féminin [13] »… Les médecins ne sont-ils pas au courant que l’accord des parents est exigé pour qu’un mineur puisse se faire percer l’oreille, le nombril ou l’arcade ? Bref…
Ceci étant dit, le site est très bien conçu. En effet, il propose aussi des parties interactives permettant de recueillir les témoignages des internautes, selon différentes thématiques. Le tout consultable via des dizaines de pages [14]. Afin de les alimenter, les témoins souhaitant apporter leur contribution doivent s’inscrire en renseignant, entre autre, leur date d’anniversaire. Et pourquoi pas la date de naissance ? Qui permettrait au moins de restreindre l’accès à certaines pages en fonction de certaines tranches d’âge… Dommage qu’ils n’y aient pas pensé !
Il peut être effectivement important d’aborder quelques-unes de ces questions avec des enfants dès 12 ans. Mais le discours doit-il vraiment prendre cette forme-là ? Ne doit-il pas y avoir corrélation entre âge et questionnement ? L’interlocuteur ne doit-il pas être légitime ? À ce propos, il faut savoir que ce site est intrinsèquement lié à la radio Skyrock puisqu’il est édité par la société TELEFUN [15] dont le PDG n’est autre que Pierre Bellanger, condamné en première instance en 2008 pour corruption de mineur, décision confirmée en appel en 2010 [16].
Un homme reconnu coupable de corruption de mineur est donc propriétaire d’une société éditant un site qui informe les ados sur des questions de sexualité. En est-on vraiment arrivé là ?
Henri R.